Il est des gens qui aiment parler
De l'Ogre, du Petit Pucelot et de la Fée.
Puisque je parais maintenant en Chaperon rouge
Je m'en vais vous conter tout au long
Son histoire connue et modifiée.
Il était une fois...
Je devrais dire qu'il était plein de fois car beaucoup de récits sur le petit chaperon ont été relatés... Mais essayons de prendre un des meilleurs. Ce n'est pas forcément le plus connu mais c'est le plus authentique...
Il était une fois donc... Une petite fille d'un village dont le nom était Chaperon. Prénom étrange pour une fillette, certes... Mais son nom lui allait comme un gant, ou comme un chaperon, comme vous voulez... Et sa mère-grand lui envoya un chaperon rouge pour qu'on puisse la nommer comme vous savez.
Un jour sa mère ayant cuit et fait des galettes, lui dit:
"Va voir comment se porte mère-grand, porte lui une galette et ce petit pot de beurre"
Chaperon partit aussitôt pour aller chez mère-grand qui habitait un autre village non loin. Sur le chemin, elle fredonnait un air connu depuis lors :
"Petit pot de beurre, quand te dépetitpotdebeurreriseras-tu?
Je me dépetitpotdebeurreriserai quand tous les petits pots de beurres se dépetitpotdebeurreriseront..."
Et ainsi de suite.
En passant, elle rencontra un homme, bien bâtit et entre deux âges. Il l'interpella. Chaperon prit peur.
"C'est surement un loup-garou" se dit-elle, telle l'enfant instruite des contes traditionnels qu'elle était.
Elle lui dit:
"Je vais voir ma mère-grand, lui porter ce que toutes les petits chaperons apportent à leur mère-grand."
Elle espérait lui faire comprendre qu'elle n'était qu'un Chaperon, ce qu'il y a de plus normal, et que sa mère-grand l'attendait: il ne fallait pas s'égarer.
"Veux-tu que je t'y emmène par le plus courts des chemins?" demanda le loup.
"Maman serait fâchée que j'accepte une proposition venant d'un parfait inconnu"
et qui m'a tout l'air d'un loup... pensa-t-elle. Mais après réflexion, elle ajouta :
"Mère grand en revanche, dit toujours qu'un Chaperon doit avoir une autre vie que celle de porter des galettes et des petits pots de beurre à n'en plus finir. J'accepte donc".
Tel était le raisonnement de la petite fille instruite.
Il s'en allèrent donc dans la forêt et vécurent autant de choses qu'un elfe des bois et le bon petit diable, allant à la chasse aux papillons. Mais bientôt, ils arrivaient chez mère-grand et l'homme proposa:
"Je vais faire une surprise à votre mère-grand, donnez moi votre galette et votre petit pot de beurre et j'irai tirer sur la chevillette..."
"...afin que la bobinette chere" compléta Chaperon en tapant des mains car elle trouvait l'idée tout à fait amusante.
Le monsieur qui avait tout l'air d'un loup-garou tira la chevillette et la bobinette chera. Il vint jusqu'au lit de la mère-grand. Lorsqu'il la vit, il la prit et la manga. Il se mit dans le lit et cria au Chaperon qu'elle pouvait entrer. Lorsque celle-ci entra...
Elle crut ne pas voir le loup-garou mais simplement sa mère-grand. Enfin elle n'était pas dupe mais elle fit tout comme.
"Viens te coucher" lui dit-on.
Chaperon se déshabilla et alla se mettre dans le lit où elle fut bien étonnée de voir comment sa mère-grand était faite en son déshabillé.
Elle ne lui posa pas la série de questions à laquelle vous vous attendez car elle aimait bien apprendre les leçons du maître si elle pouvait aussi les défier. Elle se fit donc aussitôt manger.
Lorsque la petite fille comprit ce qui lui était arrivé, elle changea radicalement sa vie: plus jamais elle n'alla remplir le grenier de sa mère-grand par des galettes, ni davantage de petits pots de beurres. Mais elle sut qu'une morale était à tirer et celle-là, elle était universelle :
On voit ici que des jeunes enfants,
Surtout de jeunes filles
Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d'écouter toute sorte de gens,
Et que ce n'est pas chose étrange,
S'il en est tant que le loup mange.
Je dis le loup car tous les loups
Ne sont pas de la même sorte;
Il en est d'une humeur accorte,
Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
Qui privés, complaisants et doux,
Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas! Qui ne sait que ces loups doucereux,
De tous les loups sont les plus dangereux.
